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Récit de voyage à la rencontre des ethnies minoritaires au Sénégal Oriental

" Contre toute attente, notre groupe assiste à un événement hors du commun au village d’Ethiolo. Ce dimanche, les femmes « ont invité les masques » du village voisin pour se faire pardonner d’une maladresse commise ultérieurement. Comme autant de prétextes pour se rassembler et fêter la tradition, les masques sont sortis pour le plus grand plaisir des habitants du canton. Affluant des environs, toute la communauté Bassari se retrouve autour de cet événement festif.

Dans un immense privilège nous sommes les témoins directs d’une tradition séculaire préservée. Les masques descendent de la montagne et rejoignent le centre du village où les attendent des cercles de danseuses issues de classe d’âge différentes.

Le premier cercle arbore des costumes traditionnels colorés composés d’une multitude d’artifices naturels sublimant leur apparence. Les nombreuses perles aux couleurs du soleil et de l’ébène, composent leurs coiffes élaborées et leurs tuniques chatoyantes. Leurs mouvements sont précis et réguliers. Au rythme des chants, elles tournent inlassablement jusqu’au bout de la nuit, agitant à chaque pas les clochettes qu’elles ont accrochées à leurs chevilles.

Le second cercle, composé de femmes d’une classe d’âge inférieur, exhibe ses plus beaux pagnes. Vêtues de teeshirts aux slogans préventifs distribués par des ONG internationales, les danseuses entonnent à l’unisson, leurs chants traditionnels.

Les masques (personnages mystiques secrets ; non-identifiables par la foule) circulent entre les deux cercles dans une parade aux gestes virils simulant les actes guerriers de leurs aïeux. Dans un langage connu d’eux seuls, ils chantent les louanges de leurs divinités.

Quelques individus d’une classe d’âge post-adolescent animent le cortège. Appelés « contraire » ils tentent par tous les moyens de distraire les danseurs et leurs convives. Dans une démarche joyeuse et bon-enfant, ils réalisent des pitreries (ils parlent à l’envers, miment la prise de clichés avec des sandales ou des boites de conserves, tentent d’attraper les coqs...), sans oublier de siroter régulièrement la bière de mil préparée spécifiquement pour l’occasion.

Le chef du village (non sans l’accord des doyennes) nous invite à rejoindre le cortège. Nous rentrons dans le cercle, après avoir partagé la boisson locale réservée aux convives. En fin d’après-midi au moment où le soleil décline, l’événement prend une dimension mystique pour ne pas dire magique. Conscients d’assister à un moment précieux, nous sommes submergés par l’émotion. (...)"

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Crédit photo: Fannie Dupé